Investir l’espace public pour créer du lien social

Viens t’asseoir je t’écoute est une association à but non-lucratif, constituée de bénévoles, qui offre gratuitement un espace d’écoute confidentiel et bienveillant au sein de l’espace public, à tous les passants qui souhaitent participer. Le projet est apolitique et aconfessionnel.

Partant d’un constat simple : notre société est, chaque jour, plus connectée (transports, informations, réseaux sociaux, etc.) et pourtant, le tissu social est de plus en plus fragile. La sphère individuelle augmente au détriment de la sphère publique et sociale, les Hommes échangent de moins en moins facilement avec nos concitoyens, nos vies sont de plus en plus individuelles, indépendantes de dynamiques collectives. 

Plusieurs enjeux découlent de cela : l’isolement, et particulièrement celui des personnes âgées, l’affaiblissement du vivre ensemble et de la cohésion sociale, et aussi des enjeux de santé mentale qui trouvent racine dans ce manque de soutien collectif.

Ce projet s’inscrit dans une démarche générale qui ne vise pas l’un de ces enjeux spécifiquement, mais de par sa flexibilité et son « large spectre », il cherche à redonner des outils aux concitoyens pour solutionner ces enjeux à travers l’écoute. C’est là le parti-pris du projet : développer l’écoute bienveillante au sein de la société comme solution aux enjeux suscités. En effet, ce projet attire autant des personnes désocialisées que des personnes intriguées par ce format, de pouvoir échanger avec des inconnus.

D’une part les bénévoles de Viens t’asseoir, je t’écoute ont été formés à l’écoute active et bienveillante : apprendre à offrir son attention à l’autre, développer sa patience et sa tolérance, suspendre ses jugements, développer sa bienveillance. D’autre part, ils offrent la possibilité à des passants d’être écoutés et ainsi avoir l’occasion de discuter avec quelqu’un (lutter contre l’isolement), rencontrer des personnes de milieux différents du nôtre (poursuivre l’objectif de mixité et de cohésion sociale), casser la barrière du moi/autre (se confronter au vivre-ensemble), renforcer notre confiance en nos concitoyens et en leur bienveillance (développer la cohésion sociale), obtenir un soutien émotionnel par le simple fait d’être entendu, et demander de l’aide professionnelle. 

Sur ce dernier point, il est explicitement demandé aux bénévoles de ne pas donner de conseils aux personnes écoutées. Les bénévoles ne sont pas des professionnels de la santé mentale, et n’ont pas vocation à le devenir, puisque la volonté poursuivie est d’être « ouverts à tous ». Il arrive cependant que des personnes demandent ou nécessitent une aide professionnelle. À ce moment, le bénévole de l’association donne le relai au coordinateur de la session qui va prendre le temps avec la personne écoutée de trouver l’institution locale qui peut le mieux répondre à son besoin.

Viens t’asseoir, je t’écoute peut alors agir, dans ces cas, comme une plateforme de réorientation en mettant en lien les bénéficiaires et les structures d’aide. 

L’organisation est très simple : une dizaine de bénévoles par session, chacun assis sur une chaise, et face à eux se trouve une chaise vide. Pour que cela soit plus lisible pour les passants, les chaises sont placées en ligne. La pancarte de l’association reprenant son nom (« Viens t’asseoir je t’écoute ») et les points clé de la démarche (gratuité, confidentialité, bienveillance, etc) est alors installée. 

Un élément clé est l’emplacement : les bénévoles doivent être visibles, et il doit y avoir un grand passage. Sauf si l’objectif est de viser une population spécifique (par exemple dans une maison de retraite, ou une bibliothèque d’étudiants, etc). 

L’espacement entre les chaises environ 1m50 : assez d’intimité, et assez de proximité pour rendre le projet lisible de l’extérieur. En plus des 10 bénévoles, il y a un ou une coordinateur/rice. Cette personne va coordonner les trois phases d’une session d’écoute : 

> Le briefing (environ 30 min) : tour de présentation, retour sur les points clés de la Charte déontologique de l’association (envoyée en amont aux bénévoles), que faire dans certaines situations, partage d’expérience, questions/réponses. 

> La session d’écoute (2h30-3h00) : les bénévoles sont sur les chaises, et le coordinateur va a la rencontre des passants pour répondre à leurs questions, les invités à participer, et garder un œil sur les bénévoles et se tenir en soutien si besoin. 

> Le débrief : retours sur l’expérience de chacun (sans partager le contenu des histoires qui restent confidentielles), points d’améliorations.

Lien vers la charte de déontologie et vers le guide pratique pour les bénévoles : https://www.jetecoute.org/instructions

Pour la gestion des bénévoles, un groupe WhatsApp est utilisé pour les annonces aux bénévoles, et un groupe entre coordinateurs. Pour la gestion des inscriptions, tout se fait via le site internet. Point important : pour chaque session, une répartition équitable entre les anciens et les nouveaux bénévoles est organisée, afin de faciliter la montée en expérience et compétences des bénévoles motivés et ainsi permettre au projet de mûrir plus rapidement. Les bénévoles motivés peuvent ensuite devenir coordinateurs pour mener leurs propres sessions d’écoute.

L’association a, pour l’instant, réalisé un total de 7 sessions d’écoute, pour un total d’environ 70 bénévoles, 18 heures d’écoute, et plus de 200 personnes écoutées. Le projet intéresse beaucoup de gens et grandit sans cesse. 

Localement : la demande des bénévoles est très forte. En moins de 30 min 48 places réparties sur 4 sessions d’écoute ont été remplies, depuis le pool de 140 bénévoles. Les fondateurs de l’association reçoivent beaucoup de demandes de contact, venant parfois de l’étranger, via l’intermédiaire de leur compte Instagram. Ainsi, les demandes de réplication dans d’autres villes européennes affluent et se multiplient. Pour le moment, Paris, Bruxelles et Lausanne sont en train de se développer. 

D’un point de vue de retours des participants et des bénévoles : très positif ! Les bénévoles sont enchantés par cette expérience à la fois très simple et puissante. Les participants également, certaines personnes sont même venues précisément pour y participer. Certains participants ont pu être mis en relation avec des services professionnels pour leur garantir un suivi médical adapté. Même si l’impact est difficilement quantifiable, il ressort des sessions d’écoute des conséquences réelles et fortes pour les participants.

 

Instagram : @vienstasseoir.jetecoute